La co-construction en vedette. Lors d’un atelier et d’une conférence à Arras, la co-construction de politique publique a été mise en valeur. Quelles conditions à respecter, quels bénéfices attendre, comment procéder ? DG Interface fait le point.
Démarrons par l’atelier. Quand elle était élève de l’INET, il y a quelques semestres, Stéphanie Delebarre a réalisé avec trois collègues (1), une étude sur la co-construction de politique publique. Aujourd’hui en charge de la direction d’appui au pilotage des politiques Solidarités du conseil départemental du Pas-de-Calais, elle nous en dit plus.
1 - Stéphanie, qu'êtes-vous venue présenter aux DGS ?
Dans le cadre de notre formation aujourd’hui achevée d'élèves administratrices territoriales, nous avons eu le plaisir de conduire, en indépendance et avec les conseils bienveillants de trois commanditaires (l'Observatoire social territorial de la Mutuelle nationale territoriale, l'Institut national des études territoriales et l'Association des administrateurs territoriaux de France), une étude sur la co-construction des politiques publiques locales avec les habitants et aussi - et c’était un angle moins documenté - avec les agents. Nous souhaitions partager, avec les décideurs territoriaux, les cinq expériences que nous avons analysées, et mettre en lumière cette tendance du paysage territorial. Nous voulions surtout montrer qu’investir cette co-construction est possible et utile, quelle que soit la taille du territoire. La plus-value est significative : des politiques qui répondent mieux aux besoins des habitants et des usagers, un renforcement de la motivation des agents qui sont écoutés et valorisés, une dynamique d’amélioration de la qualité de vie au travail.
2 - En quoi le sujet de la co-construction - qui a débouché sur un guide - est-il d'actualité ?
La co-construction avec habitants et usagers est une préoccupation forte des collectivités depuis plusieurs années. Pour autant, dans les faits, peu de politiques sont construites en intégrant pleinement ces points de vue et idées d’habitants. Les objectifs et contraintes de la collectivité priment souvent. En outre, les agents sont peu associés à cette dynamique, bien qu'au contact direct des usagers et de la production du service, C'est sous cet angle que nous avons mené cette étude et montré comment la réflexion, sur un « triangle » usager-agent-décideur, émerge. Les initiatives sont encore éparses et rencontrent un succès variable. Pour encourager ce mouvement, le partage et l'évaluation des expériences constituent une étape essentielle.
3 - Parmi les exemples de politiques ou projets co-construits dans votre guide, lequel vous semble la plus abouti ?
Nous avons choisi de présenter ces initiatives (le baromètre de satisfaction de la Communauté d’Agglomération du Pays Voironnais, Carte Blanche au bassin de vie de Cahors, La Transfo, l’équipe juridique mobile de Grenoble, le Parc naturel urbain de Strasbourg) car elles sont tous intéressantes, avec chacune ses apports et ses faiblesses. Le panel varié de collectivités et de territoires permet à chaque décideur de trouver l'exemple qui lui correspond.
4 - Quelle erreur la plus fréquente est faite dans un cadre d’une co-construction de politique ?
La plus fréquente est de lancer une démarche sans s'interroger sur le sens et les conséquences. En effet, ce type de démarche génère des attentes et peut déstabiliser des agents et l'organisation, notamment si elle n'est pas suivie d'effets. Afin que la co-construction ne soit pas perçue uniquement comme un élément de communication, il est essentiel de l'inscrire dans un changement de pratiques plus global tout en assurant la continuité de l'activité quotidienne. Les objectifs et attendus doivent être exposés. Le management et les politiques RH doivent être repensés afin de permettre la contribution des agents « de terrain » à l’élaboration de ces politiques.
5 - Qu'avez-vous envie de dire aux DGS du mandat démarrant en 2020, qui leur permette des mises en œuvre de politique plus abouties ?
Allez-y, osez associer les agents et expérimenter ce type de démarche. Vous pouvez avancer pas à pas, en testant sur un premier projet, puis ajuster la démarche peu à peu. Le tout est de le faire dans la confiance et la transparence, de manière partenariale. Vous pouvez aussi vous rapprocher de ceux qui « ont sauté le pas » ; vous n'êtes pas seuls !
Linda Cortey, Camille Guéneau et Claire Lemeunier.