Si Cécile Duval définit son parcours professionnel comme classique, son curriculum vitae n’en est pas moins atypique ! Prédestinée au secteur privé, elle se lance finalement dans la fonction publique qui l’amène des terres citadines franciliennes à de plus petits territoires ruraux au cœur de l’Anjou. Cette DGS de la génération Y a fait preuve, au fil des années, de grandes capacités d’adaptation. Une qualité qui l’aide aujourd’hui, en poste sur une commune nouvelle, pour relever le défi de la réforme territoriale.
Entre le public et le privé, son cœur chavire
L’arrivée de Cécile dans la fonction publique territoriale résulte du parcours traditionnel, via le concours externe d’attaché, qu’elle a passé en parallèle de son DESS en management et gestion des collectivités locales (Université Paris XII). Un doublé dont elle a été la seule de sa promotion à décrocher en 2004. Cette formation a été l’occasion, à travers plusieurs stages, d’appréhender les missions de consultante au sein de cabinets d’audit et de conseil dédiés au secteur public. Ce à quoi Cécile aspirait initialement. « Cette fibre naturelle du privé me vient, sans aucun doute, de mon héritage familial. Je ne suis en effet pas tombée dans la marmite lorsque j’étais enfant. Plutôt « biberonnée » aux entreprises du CAC 40, avec un père, récemment retraité, ingénieur dans un grand groupe d’électronique de défense, et ma mère qui était employée au sein de la célèbre banque au logo rouge et noir ».
Le destin en décide autrement puisque Cécile démarre son parcours en 2005 au Conseil Départemental du Val de Marne (94) … avec toujours cette porte d’entrée du privé, puisqu’elle est engagée en tant qu’Adjointe au Chef du service des achats, puis comme Acheteuse. L’intérêt général l’anime et devient le moteur de son évolution. Souhaitant se rapprocher de l’usager, elle intègre en 2008 une collectivité de « plus petite taille », Moissy-Cramayel (77). Elle y occupe le poste de Directrice des Affaires Juridiques et des Achats. Durant six ans, elle diversifie un peu plus son regard sur le monde des collectivités territoriales qu’elle se représente comme une entreprise.
Allier le changement de vie personnelle et professionnelle
Le congé parental d’éducation constitue une période charnière dans la vie personnelle (et professionnelle) de Cécile, qu’elle revendique. En témoigne son CV : « Co-responsable de l’éducation de deux enfants âgés aujourd’hui de six et neuf ans ! ». L’agrandissement de la famille fait naître dans le couple une envie d’évasion, notamment pour améliorer le cadre de vie. C’est la mutation de monsieur dans les environs d’Angers qui leur fait franchir le cap.
« J’ai profité de mon congé parental pour m’intégrer humainement et professionnellement sur le territoire angevin. Contrairement aux préjugés, fonction publique ne rime pas avec sécurité de l’emploi ! J’ai dû recréer tout mon réseau, notamment grâce à mon engagement dans des associations dédiées à la petite enfance, à la jeunesse et à l’accueil de loisirs. Une fois en poste, mon adhésion au Syndicat a également été une source de rencontres intéressantes et enrichissantes pour échanger avec mes pairs. ».
Au printemps 2016, Cécile prend le poste de Secrétaire Générale à la mairie de Champigné (49). Quelques mois plus tard, elle accède au poste de DGS de la commune nouvelle des Hauts-d’Anjou (49) qui comprend 5 575 habitants (acte 1) puis 8900 (acte 2) dans le cadre de la réforme territoriale. Une actualité que la DGS trentenaire vit au quotidien et au cœur de laquelle elle accompagne sa collectivité.
De la ville au monde rural
« Aujourd’hui, je peux dire que j’ai vécu « un choc des cultures » en passant de l’Ile-de-France à une petite commune de Maine-et-Loire. J’ai dû m’adapter, par exemple aux problématiques, aux ressources, aux attentes de la population ou encore aux projets qui sont nécessairement différents. J’apprends beaucoup au contact du territoire rural, les valeurs humaines y sont fortes. ».
Cécile accompagne l’élue et les projets, avec et dans la mise en place d’une administration forte, dont les forces vives et leurs compétences sont le socle fondamental de toute collectivité pérenne. Ses atouts résident dans la connaissance des territoires diversifiés qu’elle a expérimentés par ailleurs, ses notions de benchmarketing, sa fibre novatrice en matière de management, sa vision du leadership qu’elle veut fonder sur le dialogue. Un positionnement innovant qu’elle partage d’ailleurs avec la maire des Hauts-d’Anjou, Maryline Lézé.
« Incarnant la génération Y, j’ai été formée à la gestion de projets. J’ai tendance à penser que la légitimité de notre métier, demain, passera par un positionnement managérial fort, intergénérationnel, centré sur le capital humain et la valorisation des talents de chacun associant élus et agents, pour servir l’action publique. Des démarches inspirantes, tel que « l’intrapreneuriat », permettront de nourrir la réflexion des décideurs locaux. Le DGS se doit d’être visionnaire pour faire face aux évolutions de notre société et construire, en lien avec l’élu, un territoire harmonieux. J’espère que la génération future des dirigeants territoriaux pourra bénéficier d’une véritable formation de DGS, afin d’aller au-delà de la simple règle du droit et de s’imprégner à part entière de cette profession passionnante et en perpétuelle évolution. ».
Le dernier ouvrage que vous avez lu ?
Pape François – Rencontres avec Dominique WOLTON – Politique et société
Le sport dont vous auriez souhaité être championne olympique ?
Gymnastique artistique, parce que bien évidemment, ce sport, je l’ai pratiqué pendant plus de dix ans ! Sur les traces de Nadia Comaneci, le cursus Sport-Etude m’a malheureusement échappé pour des raisons de santé. Courage, volonté, souplesse, force, équilibre et coordination… des qualités physiques transposables aux fonctions de DGS, s’il on y réfléchit bien !
Votre mot préféré de la langue française ?
Engagement. Parce qu’il est à la fois collectif et individuel, l’engagement est un moteur de motivation et d’épanouissement, un véritable pourvoyeur de sens et de valeurs.
Vos prochaines vacances ?
La Dordogne et le Lot, en camping sous la toile et en famille. Sortir de sa zone de confort et se concentrer sur l’essentiel ! Des vacances simples et minimalistes, de quoi prendre un peu de recul sur la période écoulée et de la hauteur sur celle qui s’ouvre.