Laurent Rey, ancien DG de Lourdes.
En poste à la commune et communauté de communes de Lourdes de 2014 à 2018 en qualité de directeur général, Laurent a témoigné à Arras sur la mutualisation / démutualisation qu’il a accompagnée : « Pourtant on y avait mis tous les ingrédients … La mutualisation s’inscrivait dans une démarche globale d’allocation des ressources, en fonction du projet de territoire porté par les élus et l’organisation voulue par l’ensemble des gouvernances. Un diagnostic préalable avait été fait et présenté aux élus communautaires. La ville centre présidait les organismes satellites et nous gérions, avec les DGAS, un « organigramme fonctionnel trois couleurs » (services communaux, communautaires et mutualisés). Le schéma constituait également le volet RH du plan de redressement des ressources de la ville centre (en 2013, capacité de désendettement : 60 ans ; trésorerie : moins de 10 jours de dépenses de fonctionnement). Les politiques publiques étaient gérées en transversal. L’Etat nous avait apporté sa bénédiction. En 2016, le SDCI posait le cadre d’une organisation d’agglo XXL dans les Hautes-Pyrénées sur un bassin de vie / bassin d’emplois vécu (130000 habitants pour 86 communes) par fusion de 7 communautés existantes ; les mouvements pendulaires domicile-travail étaient pris en compte, avec un vrai poids territorial (5ème agglomération d’Occitanie) pour assoir une ambition de développement et d’aménagement. Nous pouvions aussi avoir des synergies de compétences avec l’agglo de Pau (64) via un pôle métropolitain (et exhumer, sous cette forme, le réseau cher à la DATAR « Pau-Tarbes-Lourdes »). L’Etat a pris ses responsabilités en usant de son « passer outre » (la majorité des communes ne souhaitant pas intégrer une agglo XXL) et la CA Tarbes-Lourdes-Pyrénées est née au 1er janvier 2017. Ah oui, c’est vrai la volonté politique … Schématiquement, entre le Sud du territoire très intégré en compétences et mutualisé fonctionnellement, et le Nord bloqué politiquement avec des organisations arcboutées sur des compétences étanches, le choix de l’agglo XXL - nouvellement présidée par le maire de Tarbes - a été fait de s’en tenir à la loi et de retourner aux communes tout ce qui était optionnel … Et puis la loi NOTRe, n’était plus nôtre … Pensée pour limiter le nombre de syndicats de communes, nous avons dû en créer un au Sud pour continuer à gérer en commun, et comme avant, les services à la population rendus par l’agglo XXL aux communes (compétences scolaires, enfance et jeunesse) et revoir notre organisation partagée en administration communale … c’est ce qui arrive avec les retours en arrière et la perte de sens, la fin du mode projet et des modes de fonctionnement transversaux. Le schéma de mutualisation s’étant réduit comme peau de chagrin, et puis, comment « avoir envie » de travailler pour des élus dont beaucoup de vice-présidents militaient contre le projet d’agglo XXL hier. Au final, les cadres du Sud ont mutualisé... leur mobilité externe… Et si c’était à refaire ? Je le referais même si ça fait mal à la tête, parce que cette agglo est pertinente et nécessaire. La mutualisation n’est pas une fin, mais un moyen. Les élus auraient pu gérer l’interco en pôles territoriaux. Mais ils en ont décidé autrement - respect. Pour autant, ça n’a pas été un facteur de désintégration intercommunale. Tant mieux pour les habitants (on aura servi à quelque chose). Et pareil, après 2020, ils (re)mutualisent. La vie est un éternel recommencement … »