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Regards croisés sur l’égalité dans les collectivités étrangères

La mise en réseau constitue l’un des fondements du SNDGCT. Mise en réseau national, mais aussi international. La commission Europe et Relations Internationales du SNDGCT a invité des homologues étrangers à partager leurs expériences en matière d’égalité et de diversité dans leurs collectivités. De la pratique du «budget genré» à Ixelles, en Belgique, aux grandes avancées à Québec, en passant par le Sénégal…, autant d’initiatives exemplaires et sources d’inspiration !

 Patricia VAN DER LIJN, Secrétaire communale (DGS) d’Ixelles et Présidente de la Fédération des Secrétaires communaux Bruxellois.

Signataire de la charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes au niveau local, la collectivité d’Ixelles, c’est une Maire, 7 femmes et 3 hommes adjoints au Maire, un conseil municipal de 18 femmes et 15 hommes, une administration de 870 femmes et 661 hommes, 119 femmes et autant d’hommes cadres A. Un exemple en matière de féminisation de la fonction publique, mais aussi de pratiques terrain ! La commune s’appuie sur la plateforme active que constitue son service d’égalité des chances. Plusieurs réunions annuelles sont organisées autour de l’égalité femmes-hommes, du respect des différences, de la lutte contre les discriminations et l’homophobie.

Des actions sont mises en place au sein de la collectivité. Par exemple, 1 000 rubans blancs ont été distribués pour symboliser la lutte contre les violences faites aux femmes et le respect de leurs droits. « Nous pratiquons bien entendu l’égalité des salaires et d’accès à tous les emplois entre les femmes et les hommes

Ixelles est l’une des premières communes bruxelloises où l’on pratique le budget genré et où les services doivent analyser les investissements en faveur des femmes et des hommes. Une passerelle a ainsi été créée entre le service d’égalité des chances et le service des finances. « Notre cheval de bataille réside dans le fait d’atteindre l’équilibre des dépenses publiques entre les citoyennes et les citoyens. Nous nous sommes inspirés de ce qui est mis en place par nos homologues de Vienne. La Municipalité de Vienne a même décidé de faire un critère d’attribution de l’égalité des salaires du personnel féminin et masculin des entreprises privées qu’elle désigne dans ses marchés publics. Nous nous devons de faire autant pour les femmes et les hommes. Par exemple, optimisation de l’éclairage public pour la sécurité, réfection des trottoirs pour faciliter le passage des personnes à mobilité réduite ou encore des poussettes, construction d’infrastructures sportives mixtes…».

 

Martine VALLIERES, Présidente de l’ADGMQ (Association des directeurs généraux des municipalités du Québec)

Martine Vallières a été élue à la présidence de l’ADGMQ en 2014. «Je suis la première femme à atteindre cette fonction en 80 ans d’existence de l’organisme. J’oserais dire que cela a eu un effet d’entraînement sur le Conseil d’administration. En 2013, uniquement 2 femmes y siégeaient sur une possibilité de 15 membres et, à ce jour, nous sommes 5. Au sein de l’ADGMQ, nous avons noté une progression significative du pourcentage de femmes qui se retrouve à la tête de leur collectivité locale. De mémoire, en 2005, ce pourcentage se situait à un peu plus de 10 % et 10 ans plus tard, il frôle les 20 %!».

Au Québec, la Loi sur l’accès à l’égalité en emploi dans des organismes publics a été adoptée par l’Assemblée nationale en décembre 2000 et est entrée en vigueur le 1er avril 2001. Cette loi oblige l’ensemble des organismes publics, qui emploient 100 personnes ou plus pendant une période continue de six mois au cours de chacune de deux années consécutives, à mettre en place des programmes pour éliminer les règles et pratiques de leur système d’emplois susceptibles d'être discriminatoires envers des groupes visés (les femmes, les personnes handicapées au sens de la Loi assurant l'exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale (chapitre E-20.1), les autochtones, les personnes qui font partie d'une minorité visible en raison de leur race ou de la couleur de leur peau, les personnes dont la langue maternelle n'est pas le français ou l'anglais et qui font partie d'un groupe autre que celui des autochtones et celui des personnes qui font partie d'une minorité visible).

«Bien que la Loi sur l’accès à l’égalité en emploi dans des organismes publics soit obligatoire uniquement pour des villes de taille considérable — puisque celles-ci doivent employer au minimum 100 personnes — de nombreuses municipalités du Québec mettent tout de même en place des initiatives en matière d’équité et d’égalité envers son personnel, et ce, afin de recruter selon des critères de compétences et d’attitude, soit le savoir-faire et le savoir-être.».

L’égalité femme-homme a connu de grandes avancées au Québec, et ce, comme il en fût le cas de manière général en Amérique au cours du dernier siècle. «Je cite en exemple un article du 15 juillet dernier paru dans le quotidien Le Soleil précisant que la province de Québec est 3e au Canada quant à l’égalité entre les sexes. On y précise que les Québécoises sont particulièrement émancipées puisqu'elles résident dans la troisième ville du Canada où il y a le moins d'inégalité avec les hommes, selon un classement du Centre canadien de politiques alternatives des 25 plus grandes municipalités». 

Martine Vallières poursuit, «L'auteur du classement, Kate McInturff, explique la performance des municipalités de la province québécoise en raison des politiques mises en place pour la conciliation travail-famille, comme les garderies subventionnées, le généreux congé parental et celui de paternité. Elle souligne que nombre d'études à travers le monde ont démontré à de nombreuses reprises qu'il y avait un lien de causalité entre ce type d'initiatives, le meilleur accès des femmes au marché du travail et les salaires plus élevés qu'elles peuvent toucher».

 

Et au Sénégal ?

À l’occasion du Congrès des Maires du Sénégal, la Commission Europe et Relations Internationales du SNDGCT, a pu échanger quelques mots et instants aux côtés des DGS Sénégalaises. Nathalie BENARD fait un point sur le potentiel de ce pays, encore inexploré et prometteur. De premier abord, les femmes travaillent dans l’artisanat, confectionnent des bijoux, des paniers, des tissus. Elles vendent sur les marchés les aliments cultivés ou préparés par leur soin en s'occupant de leurs enfants. «Derrière les clichés, elles semblent être d'une énergie à toute épreuve, et incarnent la dignité et la combativité dans chacune de leur posture et de leur acte, notamment pour occuper la place qui leur revient dans la construction de l'avenir du pays.».

Les femmes représentent plus de 50 % de la population au Sénégal. Le cadre institutionnel et légal a largement progressé, favorisant ainsi la promotion et la protection du droit des femmes.
Toutes les institutions, totalement ou partiellement électives, sont tenues au principe de parité absolue, les listes de candidatures pour les élections sont alternativement composées de personnes des deux sexes... sous peine d'irrecevabilité. 

«Toutefois, à l'instar de la France, les femmes restent encore minoritaires parmi les élus : seulement 13 femmes Maires sur 557 communes dans le pays. Leur participation à la prise de décision politique est encore loin de correspondre à leur véritable participation à la société et à la vie politique. Tel un miroir réfléchissant à notre propre situation, l'égalité réelle se confronte à des obstacles de tous ordres : sociaux et culturels.. Ce miroir nous rappelle, nous appelle à examiner de nouveau, ce qui fait d'abord obstacle ici, pour comprendre ce qui fait obstacle là-bas, dans cet ailleurs, si loin et si proche.».