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Portrait de Nathalie Oger, DGS de Sandillon (45)

Sandillon (45)
Nathalie Oger, juriste de formation, a travaillé 13 années au sein de groupes bancaires privés. Elle rejoint la fonction publique territoriale en même temps qu’elle devient mère d’un quatrième enfant. Aujourd’hui DGS de Sandillon (45), Nathalie Oger évoque sa vie multiple au service des élus, des agents et du public, et son projet de modernisation de l’action municipale.

Mon parcours professionnel

"Mon projet initial était d’être diplomate. J’étais férue de langues étrangères, de chose publique, de géopolitique… J’ai suivi des études de droit public à Paris II Assas, option collectivités locales, avec l’ENA en ligne de mire. Le hasard a fait que j’ai été embauchée au sortir de mon DEA par la Caisse d’Epargne, en 1989, pour un poste de juriste, avec l’opportunité de suivre une formation en finance à l’Institut Technique de banque.

Au bout de 13 années dans le secteur financier privé, entrecoupées d’une pause pour m’occuper de mon troisième enfant,  je souhaitais connaître autre chose. J’ai appris que des postes de secrétaires généraux de collectivités territoriales étaient proposés à des juristes. En me renseignant sur cette fonction, qui me donnait l’impression de renouer avec mon projet d’origine, j’ai voulu voir si mon savoir-faire financier et juridique était transposable.  Pour me conforter, j’ai repris des études et obtenu un master en droit et gestion financière des collectivités territoriales à Paris I en 2004. 

A la suite de mon stage de fin d’études, la ville de Meudon (92) me proposait un emploi de chargée de mission attachée à la direction générale, pour la refonte de la politique de la restauration de la ville. Dans le même temps, ma famille s’agrandissait d’un quatrième enfant et déménageait dans l’Orléanais. J’ai été une sorte de pionnière en télétravail en travaillant à la mairie deux jours par semaine et le reste du temps de mon domicile ! 

Cette belle expérience m’a donné le sentiment que la FPT était d’une grande modernité. Je retrouvais mon appétence pour la chose publique et ce relationnel aux élus qui m’animait lorsque je voulais faire carrière dans la diplomatie. 

En 2007, j’ai pris un poste de responsable juridique et de la commande publique à la Communauté de communes du Giennois. Au bout de deux années, j’ai dû arbitrer entre un travail intéressant, qui m’imposait plus de deux heures de trajet par jour, et quatre enfants qui avaient besoin de moi. J’ai pris un nouveau congé pendant 18 mois.

Le CNFPT m’a alors appelée pour me proposer un poste de secrétaire général dans une petite commune du Loiret qui connaissait des difficultés financières importantes. J’ai travaillé pour accompagner son redressement. C’était une expérience formatrice et difficile, avec beaucoup de coupes budgétaires à effectuer. A la fin de ma mission, j’ai rejoint la commune de Sandillon (4000 habitants) au poste de DGS, en avril 2013.

A la recherche d’un équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie personnelle

Quand j’ai commencé ma seconde vie professionnelle dans la FPT, mes quatre enfants étaient âgés de 13 ans à quelques mois. J’avais 38 ans et je  me suis autorisée à avoir des exigences, notamment celle de vouloir travailler autrement, avec une souplesse le mercredi.

Cela me fait sourire car je rends cette souplesse par des heures - certes consenties - supérieures à une journée de bureau ! Toutefois tout le monde y trouve son compte. Grâce à cette expérience vécue à Meudon, je sais comment m’organiser en télétravail. Je suis à la mairie quatre jours par semaine, parfois le samedi matin, certains soirs pour les conseils et je travaille de mon domicile une partie de mon mercredi. Je poursuis par ailleurs mon contact avec le monde universitaire et le droit public en enseignant l’exécution des marchés publics à l’université d’Orléans.

Mes journées sont une course contre la montre, marquées par la programmation du travail, avec des surprises, des imprévus, des retards. 

Les femmes sont habituées à mener plusieurs vies. Cette richesse m’aide dans mon quotidien professionnel. C’est une vie au service des élus, du public mais aussi au service des agents que j’accompagne au quotidien. A côté de ce binôme maire/DGS très particulier, la capacité d’investissement des agents est infinie lorsque l’on sait leur donner du temps d’écoute.

Je sers un projet d’élu que je nourris par les remontées du terrain qui me viennent de des chefs de service et des agents, avec le recul de la fonction. Sans ce temps d’écoute, ma mission de service public ne serait pas rendue ! La population ne voit que le service qui leur est dû parce qu’elle paie des impôts, sans mesurer la réalité de l’engagement des agents. 

Mon projet

J’ai été engagée par la ville de Sandillon pour accompagner la modernisation de l’action municipale notamment à travers la dématérialisation des services. Comme la plupart des collectivités, nous faisons une pause sur les investissements avec la mission de valoriser et d’optimiser l’existant. 

Au travers de ces actions imposées, qui sont nécessaires, je tâche de mettre en place des outils interactifs avec les agents. C’est l’occasion de rénover la façon de travailler, de mieux communiquer en prenant en considération la problématique de résistance au changement, de faire fonctionner les services autrement en tenant compte des contraintes budgétaires.
Le développement de la culture projet que je transmets aux agents permet de travailler sur l’optimisation financière et de décloisonner les services : c’est un élément de modernité. 

Cette vision globale de modernisation se décline en plusieurs projets : la création d’un portail famille pour la comptabilité, la dématérialisation des paiements ou encore des marchés publics.

Gérard Malbo, mon nouveau maire, vice-président du Loiret, est très pris par ses deux mandats. En lieu et place d’un élu très présent, les agents découvrent un maire mobile, hyper connecté, avec un mode de fonctionnement « nomade ». Peu à peu, les inhibitions et les freins des agents, un peu bousculés, se lèvent. La modernité est en marche à Sandillon."

Propos recueillis par Sophie Périès